LE SITE MÉDIÉVAL D’APCHER

Histoire du site médiéval d’Apcher

Visite du château d’Apcher

Du XIème siècle à la Révolution française, outre les propriétés royales ou comtales relevant directement de l’évêque de Mende, le Gévaudan est partagé en huit “baronnies”. De puissants seigneurs rivalisent alors de richesses et d’influence.

Parmi eux, le seigneur d’Apcher, personnage très puissant, se trouvait à la tête d’un territoire qui s’étendait sur le nord-ouest du Gévaudan, entre les rivières Bès et Truyère. Plusieurs châteaux ponctuaient son territoire. Ils lui servaient de lieux d’habitation mais également de lieux de garnison ou de “greniers” au moment de la récolte des impôts (en espèce ou en nature).

Le site d’Apcher était le chef-lieu de cette baronnie. Ce château servait de résidence principale aux seigneurs et de leur “familia” (c’est-à-dire leur entourage familial, mais aussi leurs domestiques et leurs garnisons).

Lors de votre visite de l’ancien château d’Apcher, vous découvrirez que de la forteresse seigneuriale d’alors, il reste aujourd’hui la chapelle castrale du XIIIème siècle, un impressionnant donjon carré daté de 1383-1384, et des vestiges de logis et de dépendances datant des XVème et XVIème siècles, répartis autour d’une cour centrale.

La tour d’Apcher

Visite du donjon de l’ancien château d’Apcher

Bâti directement sur un promontoire rocheux, le donjon du château d’Apcher domine de ses 18 mètres tout le pays environnant. A son sommet, on peut admirer les Monts de la Margeride ainsi que le haut plateau de l’Aubrac au loin. La tour d’Apcher succède à un édifice plus ancien dont les vestiges ont disparu. Ce donjon avait alors une fonction de surveillance et était aussi le symbole du pouvoir féodal.

L’ancien donjon d’Apcher comprenait 4 niveaux d’environ 9m² dont l’unique accès se faisait par le 2ème étages.

• Le 1er niveau pouvait être utilisé comme réserve d’armes et de nourriture en cas de nécessité.
• Les niveaux supérieurs disposaient d’éléments de confort tels que des fenêtres à coussièges ou des cheminées. Certains éléments de décor sont encore visibles au 4e étage du donjon d’Apcher avec des têtes humaines ornant les culots de la voûte d’arêtes.
• Le dernier niveau permettait de surveiller les alentours et de défendre le château d’Apcher avec des mâchicoulis qui couronnaient le donjon, servant à lancer des projectiles.

La chapelle castrale d’Apcher

Chapelle romane classée aux Monuments Historiques

La chapelle faisait jadis partie de l’ensemble fortifié du château des Barons d’Apcher. La première mention d’une chapelle castrale à cet endroit date de 1145. Il en reste quelques traces visibles au fond du chœur. La chapelle actuelle, typique de l’époque romane, a été construite dès le XIIIème siècle. Le portail sud cintré et le clocher-mur à deux baies datent du XVIème siècle.

Construite sur le roc avec des pierres de granit et couverte en lauze de schiste, elle offre la particularité de disposer d’une petite salle basse. La porte d’entrée, surmontée d’un arc surbaissé, permet de découvrir un intérieur où se mêlent simplicité et décors originaux comme la frise ocre rouge qui souligne la naissance de la voûte.

Dédiée à Saint-Jean-le-Baptiste, la chapelle d’Apcher était réservée au seigneur et à son entourage proche, avant de s’ouvrir à partir du XVIIème siècle aux villageois. L’ensemble du site est abandonné au milieu du XVIIème siècle et sert alors de carrière de pierres aux habitants du pays. Il sera classé aux Monuments Historiques en 1983, puis restaurée à partir de 1993.

Le saviez-vous ?

En débarrassant l’arrière de la chapelle d’Apcher en 1960, l’abbé Poudevigne, curé de Prunières, découvrit au milieu de vieux meubles une statue de Vierge en majesté datant de la première moitié du XIIIème siècle et dite “Vierge d’Apcher“. Pour des raisons de sécurité, elle est visible depuis 2010 dans l’église collégiale Saint-Hippolyte au Malzieu-Ville (à 6 km d’Apcher). Elle est classée au titre des Monuments Historiques.

Le site d’Apcher, une reconquête contemporaine

Si nous pouvons aujourd’hui visiter le site médiéval d’Apcher et le comprendre, c’est grâce à 20 années de travail et de persévérance des bénévoles de l’association les “Amis du Château d’Apcher”, ainsi qu’aux archéologues et aux nombreux artisans qui ont œuvré sur le site jusqu’en 2017.

13 campagnes archéologiques ont été menées de 2000 à 2012 avant que d’importants travaux de restauration fassent revivre le site de 2012 à 2017. Après la restauration du donjon, un projet audacieux a été imaginé pour permettre son accès. L’installation d’un escalier en acier vieilli aux allures de trébuchet, appelé “la catapulte”, a ainsi permis au site lozérien de retrouver de sa superbe et de sa gloire passée.

En 20 ans, le site médiéval d’Apcher est passé d’un contexte d’éboulis envahis par l’herbe et les arbustes à des vestiges d’un château où apparaissent murailles, pièces et bâtiments divers de différentes époques.

De sacrées découvertes !

Un trésor monétaire de 9000 pièces a été découvert à proximité du site. Ce sont des deniers frappés par les évêques du Puy entre les XIIème et XIIIème siècles, présentant sur l’avers une croix et sur le revers une fleur à six pétales. Le trésor était placé dans une oule, une grande marmite en terre cuite. Les archéologues ont aussi trouvé sur place, un seau en bois dans un très bon état de conservation grâce à l’humidité du puits du château.

De nombreuses autres découvertes ont permis de dater l’occupation et la construction du site médiéval d’Apcher. Elles nous éclairent sur l’évolution du château et le quotidien des seigneurs et de leur famille au cours du Moyen Âge.

Voici quelques découvertes classées, répertoriées et étudiées par des spécialistes : tessons de poterie, tommettes, verres, ossements d’animaux, objets de la vie courante comme dés à jouer, aiguilles, dés à coudre, boucles de ceinture, pièces, carreaux d’arbalète, pointe de hallebarde, éperon, planchers et carrelages.